Secrets de storytelling

Le Storytelling ou l'art de conter a tout pouvoir sur l'humanité. Apprenez à le maîtriser pour créer du contenu média qui attire, captive, engage, converti et fidélise.

PROCESSUS DE CRÉATION

Eva Van D

10/15/202412 min lire

Pourquoi le storytelling est important dans une vidéo courte

Que la vidéo soit courte ou longue, un bon storytelling est fondamental pour captiver, informer et inspirer le spectateur. Il fournit une structure narrative qui non seulement attire l'attention, mais aussi facilite la compréhension et crée une connexion émotionnelle durable.

1. Une vidéo courte doit capturer rapidement l'attention :

- La notion d’impact immédiat est primordiale. Les vidéos courtes, comme les Reels d’Instagram ou les Shorts de YouTube, doivent capter l'attention du spectateur en quelques secondes. Un bon storytelling peut créer un « hook » ou accroche initial fort qui intrigue et engage le spectateur dès le début.

- Avec un temps limité, un bon storytelling, aide à transmettre un message clair et concis, en mettant l'accent sur les points les plus importants et en éliminant le superflu.

2. Dans le format court l’émotion et la connexion sont aussi des clefs :

- Même dans un format court, une histoire bien construite peut susciter des émotions, que ce soit la joie, l'humour, la surprise ou l'empathie. Cela rend la vidéo mémorable et renforce son impact.

- La connexion se fait à travers la personnalisation du message. Le storytelling permet de donner un contexte personnel ou narratif, même bref, qui aide les spectateurs à se sentir connectés en s’identifiant au message, à la marque ou à l’influenceur.

3. L’importance de l’engagement et du partage des formats courts pour la viralité :

- L’enjeu ici c’est l’encouragement au partage. Or une bonne histoire a plus de chances d'être partagée parce que les spectateurs sont plus enclins à partager une vidéo qui les a touchés, amusés ou inspirés.

- Sans oublier les interactions avec l’audience. Les vidéos qui racontent une histoire qui les touche ou les font rire, vont naturellement inciter les spectateurs à interagir, que ce soit par des commentaires, des likes ou d'autres formes de participation.

4. Enfin, le format court oblige en quelque sorte à une transmission efficace du message.

- Etant donné que le temps nous manque, il faudra aller vers la simplification des idées complexes. Le storytelling aide ici à décomposer des idées complexes en récits simples, accessibles et engageants, imposés par ce format.

Pourquoi le storytelling est important dans une vidéo longue

1. Dans un format plus long, nous avons le temps de développer la structure narrative et ainsi d’enrichir le récit pour capter et garder l’attention.

- C’est toute la force des techniques de storytelling qui sont essentielles pour maintenir l'intérêt du spectateur tout au long de l’histoire. Une bonne structure narrative, avec des arcs de tension et de résolution, qui créent une sorte d’ondulation hypnotique va aider à garder les spectateurs engagés.

- Avec le format long vous avez tout le loisir de creuser vos personnages. Il existe justement une technique de storytelling qui leur est dédié et que nous verrons ensemble dans la prochaine vidéo consacrée à ce sujet. Aux États-Unis les scénaristes travaillent souvent en groupe pour permettre de décortiquer et de plonger plus avant dans le développement des personnages et des intrigues plus complexes. Cette profondeur d’un persona, autrement dit d’un personnage ou « character », offre au public la possibilité de s'attacher à eux et de s'investir émotionnellement dans leur parcours. Ici aussi l’identification, les fameux neurones mémoires, entre en jeu.

2. En parlant de profondeur, nous tombons forcément dans plus de complexité et pas seulement en ce qui concerne les personnages.

- L’exploration des thèmes est un véhicule narratif très puissant. Or les vidéos longues permettent une exploration plus approfondie de n’importe quel thème et laisse la possibilité de faire passer plus de messages avec plus d’intensité, mais aussi d’insistance par la répétition. Qui est soit dit en passant un autre excellent moyen de mémorisation. Le storytelling fournit donc ici le cadre pour tisser tous ces éléments de manière significative.

- Comme autant de nuances et de subtilités dans les informations que vous souhaitez transmettre et ainsi enrichir l'expérience narrative pour tout à chacun.

3. Ici également l’engagement émotionnel sera une stratégie clef, d’autant que nous avons plus de longueur pour tirer sur les ficelles sentimentales dans un format long.

- Nous pouvons prendre le temps de créer une véritable expérience immersive. Une bonne histoire peut plonger le spectateur dans un univers fantastique ou une expérience fascinante, qui appelle à l'engagement émotionnel et la rétention du message.

- Cela provoque alors chez l’audience, ce que l’on qualifie, de « résonance durable ». Les histoires bien racontées ont un impact durable, laissant une impression persistante qui suscitent la réflexion et stimule le souvenir. Pareils à des échos successifs se diffusant dans l’espace de sa mémoire et qui entrent en résonance avec des vieux souvenirs. Ici encore nous touchons ces cordes intimes qui marquent le public.

4. Il y a enfin, les notions de cohérence et de structure qu’il ne faut jamais négliger.

- Il est capital d’organiser son histoire et les informations que vous voulez faire passer à votre audience. Car notre cerveau, encore lui, a un besoin vital de cohérence afin de pouvoir comprendre le monde qui l’entoure, mais aussi garder une logique comportementale. Il faut toujours s’assurer que le spectateur suit facilement le fil narratif sans se perdre dans des détails superflus que nous éviterons donc absolument d’y ajouter. D’où l’utilité de faire appel à un public test et de récolter puis d’analyser des avis et des retours, et ne pas hésiter à itérer des essais tant que nécessaire. Aucun script au monde n’a qu’une seule version ! La moyenne dépasse généralement la cinquantaine et bien plus !

> En intégrant un storytelling efficace, les créateurs de contenu peuvent maximiser l'impact de leur message et renforcer l'engagement de leur audience.

Quelques idées générales du maître du Storytelling : Robert McKee

Ecrivain et théoricien de l'art raconter de bonnes histoires, notamment pour la rédaction de scénarii, Robert McKee est connu pour les avoir exprimées dans ses enseignements, les idées générales qui sont des règles à respecter pour construire et développer une histoire captivante de bout en bout :

McKee a souvent souligné l'importance du conflit dans une histoire. Pour lui, le conflit est le moteur principal de toute histoire. Voici quelques points clés sur sa vision du conflit :

  • Le conflit crée de la tension et maintient l'intérêt du public. Sans conflit, une histoire risque d'être ennuyeuse.

  • Il existe différents types de conflits : interne (au sein du personnage), personnel (entre personnages), et externe (contre des forces de la nature, la société, etc.).

  • Le conflit doit progresser et s'intensifier au fil de l'histoire. McKee parle souvent de "complications progressives".

  • Le conflit révèle la vraie nature des personnages. C'est sous pression que les personnages montrent qui ils sont réellement.

  • La résolution du conflit principal marque généralement la fin de l'histoire.

  • Un bon scénario équilibre souvent plusieurs niveaux de conflit.

> McKee souligne que le conflit ne signifie pas nécessairement violence ou antagonisme ouvert. Il peut s'agir de dilemmes moraux, de choix difficiles, ou de luttes intérieures.

Il a insisté sur la nécessité d'avoir une "idée maîtresse" qui guide le récit. Voici comment McKee la conçoit :

  • C'est la "morale" de l'histoire, exprimée en une phrase concise.

  • Elle combine la valeur finale de l'histoire (ce qui change à la fin) et la cause de ce changement.

  • Elle donne un sens et une direction à tous les éléments de l'histoire.

  • Elle ne doit pas être didactique ou trop évidente, mais plutôt se révéler à travers les actions et les choix des personnages.

  • Une bonne idée maîtresse est souvent complexe et peut être interprétée de différentes manières.

  • Elle doit être suffisamment riche pour soutenir l'intérêt tout au long de l'histoire.

McKee insiste sur le fait que l'idée maîtresse ne doit pas être plaquée artificiellement sur l'histoire, mais doit émerger naturellement des événements et des personnages

Il a parlé de l'importance de créer des personnages complexes et crédibles. Pour McKee, des personnages bien construits sont essentiels à une histoire captivante.

Voici les principaux aspects de sa vision sur la création de personnages :

  • Dimension : Les personnages doivent avoir de la profondeur, avec des désirs, des peurs, des contradictions et des faiblesses.

  • Motivation : Chaque personnage doit avoir des objectifs clairs et des motivations compréhensibles, même les antagonistes.

  • Arc de transformation : Les personnages principaux doivent évoluer au cours de l'histoire, souvent en surmontant leurs faiblesses ou en changeant leur vision du monde.

  • Cohérence : Les actions des personnages doivent être cohérentes avec leur personnalité, sauf si un changement est justifié par les événements de l'histoire.

  • Backstory : Un passé bien développé peut enrichir le personnage, même si tous les détails n'apparaissent pas explicitement dans l'histoire.

  • Conflits internes : Des personnages complexes ont souvent des désirs contradictoires ou des dilemmes moraux à résoudre.

McKee souligne que des personnages crédibles et complexes permettent au public de s'identifier et de s'investir émotionnellement dans l'histoire.

McKee a mis l'accent sur la structure des scènes et leur progression. Il y va de l'importance de la structure de chaque scène d'un scénario.

Selon lui, une scène efficace devrait :

  • Avoir un début, un milieu et une fin clairs.

  • Présenter un changement de valeur. C'est-à-dire que l'état émotionnel ou la situation d'un personnage devrait changer du positif au négatif, ou vice versa.

  • Faire avancer l'histoire de manière significative.

  • Révéler de nouvelles informations sur les personnages ou l'intrigue.

  • Créer des conflits ou des obstacles pour les personnages.

McKee insiste sur le fait que chaque scène devrait avoir un but précis et ne pas être simplement descriptive ou expositoire. La progression des scènes devrait créer une tension croissante et maintenir l'engagement du public.

Il a discuté de l'importance du sous-textes dans les dialogues.

Le sous-texte est ce qui n'est pas dit explicitement dans un dialogue, mais qui est implicitement compris. McKee souligne son importance pour plusieurs raisons :

  • Il ajoute de la profondeur aux personnages en révélant leurs véritables pensées et sentiments.

  • Il crée de la tension dramatique en montrant le décalage entre ce que les personnages disent et ce qu'ils pensent réellement.

  • Il engage le public en les invitant à "lire entre les lignes" et à interpréter ce qui se passe vraiment.

  • Il rend les dialogues plus naturels et réalistes, car dans la vie réelle, les gens ne disent pas toujours directement ce qu'ils pensent.

  • Il permet de révéler des informations de manière subtile sans recourir à une exposition maladroite.

McKee encourage les scénaristes à ne pas tout dire explicitement dans leurs dialogues, mais à utiliser le sous-texte pour enrichir leurs scènes et approfondir leurs personnages.

McKee a souvent mentionné que les bonnes histoires naissent de la réécriture.

McKee insiste beaucoup sur le fait que la bonne écriture vient de la réécriture. Voici les points clés de sa pensée sur ce sujet :

  • Premier jet : McKee considère le premier jet comme une exploration, pas un produit fini. Il encourage les écrivains à ne pas trop se censurer à ce stade.

  • Analyse critique : Après le premier jet, il faut prendre du recul et analyser objectivement ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.

  • Structuration : La réécriture permet d'affiner la structure de l'histoire, de renforcer les liens entre les scènes et d'améliorer le rythme.

  • Approfondissement : C'est l'occasion d'approfondir les personnages, de renforcer les thèmes et d'enrichir le sous-texte.

  • Dialogue : La réécriture est cruciale pour affiner les dialogues, les rendre plus naturels et plus percutants.

  • Simplification : Souvent, la réécriture implique de couper du contenu superflu pour se concentrer sur l'essentiel de l'histoire.

  • Processus itératif : McKee voit la réécriture comme un processus continu d'amélioration, pas une simple correction unique.

> McKee encourage les écrivains à ne pas avoir peur de réécrire en profondeur, même si cela signifie parfois repenser des aspects fondamentaux de l'histoire. Il considère que c'est à travers ce processus que les bonnes histoires deviennent excellentes.

Il a aussi parlé de l'importance de surprendre le public tout en satisfaisant ses attentes.

Ce concept reflète l'idée de McKee selon laquelle une bonne histoire doit trouver un équilibre délicat entre familiarité et nouveauté. Voici les points clés :

Attentes du genre : Chaque genre crée certaines attentes chez le public. Il est important de les comprendre et d'y répondre d'une certaine manière.

Subversion des clichés : McKee encourage à prendre des tropes familiers et à les présenter de manière nouvelle ou inattendue.

Twists narratifs : Des rebondissements bien placés peuvent surprendre le public, mais ils doivent être logiques dans le contexte de l'histoire.

Résolutions satisfaisantes : Même si le dénouement est surprenant, il doit sembler inévitable rétrospectivement.

Tension dramatique : Maintenir un équilibre entre ce que le public peut anticiper et ce qui le surprend crée une tension qui le garde engagé.

Innovation dans la familiarité : McKee suggère de trouver de nouvelles façons de raconter des histoires archétypales. L'objectif est de créer une expérience qui soit à la fois familière et fraîche, permettant au public de se sentir à la fois confortable et stimulé.

L’équilibre entre intrigue, personnage et thème :

McKee insiste sur l'importance de maintenir un équilibre harmonieux entre ces trois éléments fondamentaux du récit :

  • Intrigue : La séquence d'événements qui compose l'histoire. Elle doit être engageante et bien structurée.

  • Personnages : Les protagonistes qui vivent l'histoire. Ils doivent être complexes et crédibles.

  • Thème : Les idées et messages sous-jacents de l'histoire. Ils doivent être riches et pertinents.

McKee souligne finalement que :

  • Ces éléments sont interdépendants : l'intrigue révèle le personnage, le personnage influence l'intrigue, et le thème émerge de leur interaction.

  • Un déséquilibre peut affaiblir l'histoire : trop d'accent sur l'intrigue peut conduire à des personnages superficiels, trop sur le personnage peut ralentir le rythme, et .

  • L'équilibre peut varier selon le genre et le style, mais tous les éléments doivent être présents et bien développés.

  • L'intégration harmonieuse de ces éléments crée une histoire cohérente et puissante.

  • Le thème devrait émerger naturellement de l'interaction entre l'intrigue et les personnages, plutôt que d'être imposé artificiellement.

McKee encourage les scénaristes à travailler sur ces trois aspects simultanément, en s'assurant que chacun soutient et renforce les autres.

Ces concepts - surprendre tout en satisfaisant, et équilibrer intrigue, personnage et thème - sont essentiels pour créer des histoires qui sont à la fois engageantes et significatives.

> Ils reflètent la complexité de l'art du storytelling et l'importance d'une approche holistique dans l'écriture scénaristique.

C'est l'interaction entre tous ces éléments qui structure et permet la progression narrative d'une bonne histoire.

L'interaction entre les différents éléments imbriqués et interdépendants

L'interaction entre ces concepts est en effet au cœur de l'art du storytelling selon McKee. Voyons plus en détail comment ces éléments s'entrelacent et se renforcent mutuellement :

1. Conflit :

Le conflit est le moteur qui fait avancer la structure de l'histoire, car sans conflit il ne se passerait rien et ni l'intrigue, ni les personnages n'évolueraient.

2. Idée Maîtresse et Thème :

L'idée maîtresse guide le développement du thème à travers l'histoire. Elle influence la façon dont les conflits sont résolus et comment les personnages évoluent.

3. Personnages Complexes et Crédibles :

Des personnages bien développés génèrent naturellement des conflits internes et externes. Leurs désirs contradictoires et leurs faiblesses créent des situations de conflit crédibles.

4.Structure des Scènes et leur progression

Chaque scène devrait présenter un conflit qui fait évoluer l'histoire. Cette progression des conflits crée la structure globale du récit.

5. Sous-texte et Personnages :

Le sous-texte dans les dialogues révèle la complexité des personnages, montrant le décalage entre ce qu'ils disent et ce qu'ils pensent réellement.

6. Réécriture et Tous les Autres Éléments :

La réécriture permet d'affiner tous les autres aspects : renforcer les conflits, clarifier l'idée maîtresse, approfondir les personnages, améliorer la structure des scènes et enrichir le sous-texte.

7. Surprendre et Satisfaire en lien avec la Structure :

La structure des scènes et l'arc global de l'histoire doivent être conçus pour créer des attentes et les subvertir de manière satisfaisante.

8. Équilibre Intrigue/Personnage/Thème et Idée Maîtresse :

L'idée maîtresse guide l'équilibre entre ces trois éléments, s'assurant qu'ils travaillent ensemble pour exprimer le message central de l'histoire.

En pratique, ces éléments fonctionnent comme un écosystème narratif. Par exemple :

- Un conflit central (1) émerge des désirs contradictoires de personnages complexes (3).

- Ce conflit se déroule à travers une série de scènes structurées (4), chacune révélant plus sur les personnages via le sous-texte (5).

- L'idée maîtresse (2) guide la résolution du conflit, influençant comment les personnages évoluent.

- La réécriture (6) affine tous ces éléments, s'assurant qu'ils contribuent à surprendre et satisfaire le public (7) tout en maintenant un équilibre entre intrigue, personnage et thème (9).

Cette approche intégrée crée une histoire cohérente et puissante où chaque élément renforce les autres, produisant un récit qui résonne avec le public à plusieurs niveaux.

> En gardant ces idée générale et leur interconnection à l'esprit vous pourrez écrire une bonne histoire en toute circonstance que votre format soit court ou long, pour un film ou une publicité, un roman ou un petit conte pour enfants.